Traversée du désert
PAYSAGES
Derrière le visage et le geste
Les êtres taisent leur réponse
Et la parole dite alourdie
De celles qu'on ignore ou qu'on tait
Devient trahison
Je n'ose parler des hommes je sais si
Peu de moi
Mais le Paysage
Livré à mes yeux pour son reflet qui
Est aussi son mensonge glisse dans
Mes mots j'en parle sans remords
Reflet qui est moi-même et le visage
Des hommes mon unique tourment
Je parle de Désert sans quiétude
Sillonné des tourmentes du vent
Soulevé aux entrailles
Aveuglé de ses sables
Laissé aux solitudes sans toit
Jaune comme la mort
Qui parchemine
Face contre le soleil
Je parle
Des pas de l'homme si rares
En son aridité
Mais chéris comme le refrain
Jusqu'à l'autre passage
Du vent jaloux
Et de l'oiseau si rare
Qui de son ombre fuyante
Panse les blessures que donne le soleil
Et de l'arbre et de l'eau
Que l'on nomme Oasis
Du nom d'une femme aimée
Et je parle de la Mer rapace qui reprend
Les coquillages aux grèves
Les vagues aux enfants
Mer sans visage
Aux cent visages de noyés
Qu'elle enroule d'algues
Rend glauques et glissants
Comme les bêtes marines
Mer insensée telle une histoire sans fin
Détachée de l'angoisse
Pleine de contes de mort
Et je parle de vallées ouvertes
Aux pas fertiles de l'homme
Au désordre de la fleur
De cimes confinés
De montagnes de clarté
Que dévore la fauve course des sapins
Et des sapins qui savent
L'accueil des lacs
La noirceur des sols
Et les sentiers qui errent
Échos de ces visages
Qui hantent nos matins.