Récit d'un lendemain future
Réveillé par les rayons du soleil qui percent mes
volets. Il fait grand jour dehors et j’ai froid. Premier bilan de la journée, je
n’aurai jamais du accepter de sortir avec les autres, cela sentait le
traquenard et cela s’est révélé l’être. Comme quoi l’intuition ne sert a rien
si on a pas de volonté. Si je ne fais pas rapidement quelque chose, je vais
vraiment finir par le manquer cet avion. Le chauffeur a déjà appelé deux fois
pour dire qu’il était en bas et moi je suis toujours en mode veille dans mon
lit. Je m’asperge d’eau, je me mets une paire de claques tout en me regardant
dans le miroir. Y pas idée d’être un boulet pareil... Je jette l’indispensable
dans ma sacoche. Le chauffeur trace, je suis juste a temps, plus grâce à lui
qu’à moi d’ailleurs. Je devais atterrir vers 13h45 mais l’avion a du retard, je
ne m’en suis pas rendu compte j’ai dormis tout le long. Ma chemise arbore cette
nouvelle mode, l’effet froissé. Je reprends ma veste et ma sacoche, je suis au
complet. L’avantage d’être perpétuellement en retard, c’est que je n’aurais pas
à attendre ma valise sur le tapis puisque je n’ai pas eu le temps d’en faire une.
La fainéantise n’est t elle pas l’apanage des grands esprits ! Je trouve
ma voie vers la sortie et les correspondances, j’échoue las sur un banc dans un
square de la banlieue sud. J’essaye d’oublier que je suis transi de froid en
laissant divaguer mon regard entre mon livre et les enfants qui jouent plus
loin. Une silhouette apparaît dans mon champ de vision, cheveux court, manteau
long. Cette bonne âme me propose gentiment un breuvage chaud. Quelque chose
dans son regard m’intrigue et me trouble à la fois. Chez elle, ses allures
élégantes ne colle pas avec son appartement au style d’étudiant. Cela rajoute
au mystère et accentue mon trouble aussi, apparemment celui-ci est
réciproque... La bouilloire siffle, mais nous n’en n’avons plus besoin, nous
nous réchauffons l’un l’autre... Plus tard on sonne à la porte, des amies à
elles. On discute de tout et de rien, un peu d’Egypte, pas mal de golf, mais
très vite je sens que je suis de trop, elles aimeraient parler d’autre chose
mais pas en ma présence. De mec peut être, que sais je ? A vrai dire je
n’en sais rien, je n’ai jamais rien compris aux femmes de toute façon, ni aux
hommes d’ailleurs. Me suis-je, un jour, compris moi-même ? J’en suis là de
mes divagations quand je me rends compte de l’heure. Je m’éclipse du salon,
personne ne le remarque. Je laisse un mot pour l’hôtesse des lieux, gentil mais
sans adresse. Nos chemins se croiseront sûrement un autre jour, laissons faire
le destin. Je reprends le fil de mes correspondances, direction Paris et un
restaurant proche du Panthéon, un couple en retraite m’y attends : mes
parents...