Apologie de la solitude
Apologie de la solitude.
On ne peut être vraiment soi qu'aussi longtemps qu'on est seul ; qui
n'aime donc pas la solitude n'aime pas la liberté, car on n'est libre
qu'étant seul. Toute société a pour compagne inséparable la contrainte
et réclame des sacrifices qui coûtent d'autant plus cher que la propre
individualité est plus marquante. Par conséquent, chacun fuira,
supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de
son propre moi. [...] cette prétendue bonne société n'a pas seulement l'inconvénient de nous
mettre en contact avec des gens que nous ne pouvons ni approuver ni
aimer, mais encore elle ne nous permet pas d'être nous-même, d'être tel
qu'il convient à notre nature ; elle nous oblige plutôt, afin de nous
mettre au diapason des autres, à nous ratatiner pour ainsi dire, voire
à nous défigurer nous-même.
Arthur Schopenhauer
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